Les solutions (à contre-courant) de DSK pour faire face à la crise grecque

« Apprendre de ses erreurs ». Le document, ainsi titré et rédigé par Dominique Strauss-Kahn, ne traite pas de ses récents déboires judiciaires mais bien de la crise grecque. L’ancien ministre des Finances a partagé sa note sur Twitter, samedi dernier. En moins d’une semaine, près de deux millions de personnes l’ont consultée.

Alors que la Grèce n’a jamais été aussi proche du défaut de paiement, l’ancien directeur du Fond monétaire international (FMI) livre sa solution. Selon DSK – qui avait participé aux premières discussions liées à la crise grecque en 2010 – le pays peut éviter sa sortie de l’euro, malgré une dette qui représente 180% du PIB.

« Le FMI aurait dû être plus humble »

Dominique Strauss-Kahn tire la sonnette d’alarme. « Le danger vient maintenant de ce que nous soyons collectivement incapables de tirer les leçons de notre expérience et que nous continuions à nous dresser les uns contre les autres« , écrit-il. Il craint que la Grèce et ses créanciers ne cessent de se diviser et de se rejeter la faute.

Le FMI aurait dû être plus humble sur les résultats à attendre des réformes structurelles dans un environnement où les institutions publiques étaient et demeurent défaillantes. »

DSK juge ainsi que le Fond monétaire international « a fait des erreurs » et s’estime prêt à prendre sa « part de responsabilité ». Pour cela, il offre une solution à contre-courant des institutions européennes, en trois points.

1 – Suspendre tout financement nouveau

L’Europe et le FMI, créanciers de la Grèce, doivent arrêter d’apporter des aides financières à ce pays en grave difficulté économique. Selon DSK, le programme d’aide ne doit pas être prolongé et Athènes ne peut plus recevoir de nouveaux prêts.

Fournir plus d’aide pour seulement rembourser les créanciers publics existant est tout simplement inepte. »

D’après l’économiste, une solution aussi radicale permettrait aux Grecs de « se battre contre l’oligarchie, les intérêts privés et la lourdeur de l’appareil de l’Etat« . En résumé : arrêter la perfusion permettrait au gouvernement grec de faire les « choix budgétaires difficiles » qui s’imposent, et équilibrer le budget « tout seul ».

2 – Allonger la durée des prêts

En contrepartie de cet arrêt de l’aide, la Grèce n’aurait presque rien à rembourser à l’Europe et au FMI. Du moins pendant deux ans, le temps de se rétablir. Il souhaite ainsi que le pays « bénéficie d’une très large extension de la maturité et même d’une réduction nominale massive de sa dette à l’égard des institutions publiques« .

Les pays européens sont opposés à un allègement de la dette grecque, mais l’ancien directeur du FMI persévère :

Cela libérera la Grèce de toutes ses obligations envers le secteur officiel (institutions publiques) pour les deux prochaines années. »

3 – Réduire massivement la dette

La Grèce deviendrait alors « éligible à des effacements progressifs de sa dette », qui atteint 180% du PIB du pays. Un chiffre impossible à rembourser en totalité, même si les créanciers peinent à le reconnaître.

Forcer le gouvernement grec à céder créerait un précédent tragique pour la démocratie européenne et pourrait mettre en marche une réaction en chaîne incontrôlable. »

Pour Dominique Strauss-Kahn, « seule la dizaine de milliards prévus pour la recapitalisation du système bancaire devraient être versés » afin de permettre à la Banque Centrale Européenne de pouvoir poursuivre son programme d’aide d’urgence et stabiliser le système financier.

Si DSK n’est pas certain « que cela marche », il affirme que « toutes les autres alternatives sont pires ».

DSK porte plainte pour abus de biens sociaux dans l’affaire LSK

Guy Carcassonne, Anne Sinclair et Dominique Strauss-Khan

C’est un rebondissement important dans ce qu’il convient d’appeler aujourd’hui l’affaire Thierry Leyne, ce businessman franco-israélien retrouvé mort à Tel-Aviv le 23 octobre, au pied de la luxueuse Tour Yoo, après une chute du 23e étage où il habitait.

Son ancien associé Dominique Strauss-Kahn a déposé plainte contre X au Luxembourg pour « Abus de biens sociaux ».

C’est une manière pour lui de se protéger face aux révélations sur les agissements peu orthodoxes de LSK le groupe fondé par Thierry Leyne, aujourd’hui en faillite. Cavalerie financière, mouvements suspects entre des filiales en piteux état : le passif de la déconfiture de LSK est estimé au Luxembourg entre 30 et 100 millions d’euros.

Actionnaire à hauteur de 20% du groupe LSK, Dominique Strauss-Kahn a présidé le conseil d’administration pendant un an et jusqu’en octobre dernier.

A ce titre, sa responsabilité pourrait être engagée. Selon des informations, un des créanciers de LSK, la société d’assurance La Bâloise, vient  d’assigner en justice le conseil d’administration de LSK.

Reste à savoir si Dominique Strauss-Kahn, qui en a démissionné le 20 octobre, est visé par cette procédure.

L’ancien président du FMI veut lever près d’1,5 milliard d’euros pour son fond

Dominique Strauss-Kahn va créer un hedge fund, un fonds spéculatif dédié à la macroéconomie qu’il gérera en compagnie de sa fille Vanessa, une économiste.

Il vise des investissements à hauteur de deux milliards de dollars et se trouve actuellement en Chine pour démarcher d’éventuels investisseurs institutionnels ou de riches particuliers. C’est la banque luxembourgeoise dont DSK est le président, LSK & Partners, qui en a fait l’annonce ce jeudi 20 mars.

En septembre 2013, Dominique Strauss-Khan l’ancien président du Fonds monétaire international (FMI) est devenu banquier d’affaires en prenant la tête de la société financière luxembourgeoise Anatevka, cotée à la Bourse de Paris.

La société, qui est calquée sur le modèle des banques d’investissements anglo-saxonnes, est présente dans la gestion d’actifs, le capital risque, l’assurance et l’intermédiation financière, et elle abritera le fonds de DSK , qui attend encore les autorisations nécessaires du Luxembourg avant de pouvoir commencer à collecter les fonds.

Voilà plusieurs mois que DSK s’est reconverti dans le milieu de la banque d’affaires; Il a notamment cet été intégré les instances dirigeantes d’une banque russe puis est entré dans le conseil de surveillance du Fonds russe des investissements directs ainsi que dans celui de la Banque russe de développement des régions.

En septembre 2013, il a aussi accepté de conseiller le gouvernement serbe pour l’aider à sortir du marasme d’une économie moribonde. Il a également intégré une banque d’investissement à Juba, dans le jeune Etat du Sud Soudan.

Démissionnaire du FMI en 2011, l’ancien candidat aux primaires socialistes est encore sous le coup d’une procédure judiciaire dans l’affaire du Carlton.